PE2 – Module général
PE2_1 Retour sur l’histoire
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Retour sur l’histoire
Connaissez-vous le DDT ?
Le dichlorodiphényltrichloroéthane, un pesticide synthétique…
1946…
Dans les années 1940 et 1950, le dichlorodiphényltrichloroéthane, un pesticide synthétique mieux connu sous le nom de DDT, était utilisé pour tuer les insectes qui propageaient notamment le paludisme et le typhus dans plusieurs parties du monde.
Les tests scientifiques exhaustifs montraient que, lorsqu’il était correctement utilisé, le DDT était très efficace contre les insectes.
On le nommait même …. « bienfaiteur de toute l’humanité ».
Ainsi, il était commercialisé auprès des ménagères. On obtenait des pommes plus grosses, des fruits plus juteux sans vers. Les bœufs étaient plus gros car protégés des parasites.
Pour les vaches laitières jusqu’à 20 % de lait en plus donc plus de beurre, plus de fromage…
Les maisons étaient soi-disant plus saines et plus confortables.
On utilisait le DDT en pulvérisation un peu partout, dans les maisons, dans les rues…
Le produit commercialisé contenait même une résine spéciale de sorte qu’il pouvait se lier à n’importe quelle surface et ainsi continuer à fonctionner « mois après mois ».
Voici une publicité à destination des mères de famille et qui laisse songeur lorsque l’on connaît à présent les effets du DDT sur la santé humaine…
Nous allons parler de perturbateurs endocriniens et donc… des hormones. Je vous propose donc un petit retour historique tout au long de cette vidéo.
On peut considérer que l’histoire des hormones commence en 1900 avec la découverte du rôle des îlots pancréatiques (décrits en 1869 par le biologiste allemand Paul Langerhans).
En 1923 les Dr Allen et Doisy découvrent les œstrogènes.
Le Distilbène…
Connaissez-vous l’histoire du Distilbène ?
Le Distilbène est une hormone de synthèse donc totalement inconnue des organismes humains. Les scientifiques ont fabriqué une hormone facile à synthétiser.
Et d’ailleurs, pour l’anecdote amusante, il a été discuté à l’époque d’utiliser une autre molécule que l’on retrouvera plus tard dans notre formation : le bisphénol A…
Donc le Distilbène est un Œstrogène, issu de nombreuses recherches.
AMM aux USA en 1941.
Indications… Troubles de la ménopause, vaginite, engorgements mammaires et en 1947 : fausses couches.
En 1945 le Distilbène est autorisé en France.
En 1948, elle est utilisée systématiquement dans les « grossesses à risque » de la 6eme à la 35eme semaine de gestation.
On estime que 5 millions de femmes ont été traitées sur une période de 25 ans dans le monde.
En 1975, l’équipe du Pr J. Barrat publie un des premiers cas français d’adénocarcinome du vagin.
Adénocarcinome à cellules claires, jusque-là rarissime.
Mais attention ce ne sont pas les mères traitées au distilbène qui sont touchées mais leurs filles.
C’est un élément important dans ce sujet des perturbateurs endocriniens.
Les effets néfastes du Distilbène s’observait sur les filles des mères traités et les générations suivantes.
Un perturbateur endocrinien vicieux !
On découvre alors les dégâts d’un traitement…
En France, l’indication du Distilbène pour traiter les avortements spontanés et à répétition est supprimée en 1976.
Il aura fallu trente ans pour faire apparaitre les effets délétères d’une hormone de synthèse sur le fœtus et en l’occurrence ici de sexe féminin…
Milieu des années 60 – Baisse de la fertilité des visons
Contamination des poissons aux polychlorobiphényles.
Première alarme en 1962.
Une biologiste américaine Rachel Carson dénonce les effets négatifs des pesticides sur l’environnement et plus particulièrement les oiseaux.
Elle déclare que le DDT (dichlorodiphényldichloroéthane) était la cause de coquilles d’œufs plus fines chez les oiseaux.
De plus, on observait des problèmes de reproduction et une hausse de la mortalité.
Le Thalomid
Cette histoire est intéressante car elle met en avant cet effet transgénérationnel comme le distilbène… Le génome est ainsi possiblement touché.
Années 1950, on est en Suisse. Le laboratoire CIBA commercialise ce Thalomid.
Pas d’effets néfastes sur les rongeurs. Il est distribué dans divers pays comme antigrippal (sans prescription). Anti-nauséeux dit sans danger pour les femmes enceintes etc…
68 marques différentes dans le monde…
En 1960 plusieurs plaintes sont déposées portant sur des névrites périphériques sur les femmes traitées. Puis apparaissent les premiers nouveaux nés atteints de malformations congénitales. Des enfants qui naissent sans bras ou sans jambe.
En 1962, cette molécule est retirée du marché. On compte 15 000 fœtus empoisonnés dont 8 000 survivants. Nous sommes bien avant le Distilbène…
Preuve que l’on peut obtenir sans prescription, un médicament qui agit sur le développement fœtal. Plus tard, dans les années 80 on s’aperçoit que les « survivants » transmettent à leurs propres enfants cette action tératogène.
Vous comprendrez aussi pourquoi, désormais, les prescriptions médicamenteuses chez la femme enceinte sont très prudentes.
Vous souvenez-vous de l’agent orange ?
Pendant la guerre du Vietnam, l’US Air Force a déversé, de 1964 à 197, 80 millions de litres d’herbicides contenant de la dioxine, un puissant défoliant. Il s’agissait d’éliminer la végétation pour mieux voir l’ennemi, touchant ainsi 20 pour cent de la forêt vietnamienne.
De nombreuses études ont permis d’étudier l’impact de cet épandage et ont montré
une relation défavorable entre l’exposition aux dioxines et le diabète (métabolisme du glucose, production d’insuline…). 50 ans plus tard, ce produit continue à intoxiquer la population. Les enfants des parents contaminés présentent des malformations ou de lourds handicaps. Malformation congénitales, cancers, maladies du système nerveux…
Dégâts de cette dioxine…
En 1966 le gouvernement américain crée l’Institut National des Sciences de la Santé Environnementale afin d’étudier comment l’environnement affecte la santé humaine,
Puis en 1970, l’agence de protection environnementale afin d’améliorer la santé humaine et l’environnement.
Les pouvoirs publics s’emparent du sujet et se tient en 1979, la première réunion sur les Estrogènes dans l’Environnement.
En 1985, ils mettent en évidence l’effet des oestrogènes environnementaux sur le développement précoce des seins de jeunes filles à Porto Rico.
Au cours de cette réunion, l’impact de l’exposition aux estrogènes sur notamment la réduction de la qualité du sperme et les cancers des testicules notamment est discuté.
Vous souvenez-vous de Seveso ?
Nous sommes dans une usine chimique sur le territoire de Meda en Italie. Elle se trouve juste à côté de la petite ville de Seveso. Le 10 juillet 1976, dans le hangar B de l’usine, la cuve 101 engendre l’émission soudaine d’un nuage chimique rouge.
Au bout de quatre jours, les laboratoires Hoffmann-Laroche identifient l’agent responsable : le 2,3,7,8-tetrachlorodibenzo-p-dioxine (TCDD).
Le 12 juillet, le travail reprend normalement dans l’usine. Le personnel inquiet se met en grève et l’usine ferme le 18 juillet. Finalement, les laboratoires Hoffmann-Laroche ne communiquent l’émission de TCDD aux autorités que le 19 juillet. Jusqu’au 23 juillet, la population continue à vivre dans un milieu contaminé.
C’est le Centre de recherche médicale de Roche, à Bâle, qui sonne l’alarme et appelle à évacuer la population, à détruire les maisons et à enterrer l’usine. D’abord, l’armée entoure de barbelés 12 hectares de terrain. Puis, le 26 juillet, l’évacuation des premiers habitants commence. 225 personnes quittent alors leur maison.
Les jours suivants, les autorités se rendent compte que la zone touchée est plus vaste. Ils évacuent donc 500 nouvelles personnes. Les experts constatent une augmentation de décès chez les animaux sauvages et domestiques. L’herbe devient jaune. Les feuilles se déchirent.
L’écorce des arbres se décolle du tronc. Les enfants qui habitent dans les environs commencent à ressentir des brûlures au visage et des irritations aux yeux. Certains d’entre eux ont le visage défiguré par de violentes éruptions cutanées, qui seront plus tard diagnostiquées comme les symptômes d’une chloracnée.
Quinze ans après l’accident, on observe une augmentation de la mortalité chez cette population. Cancer du rectum, cancer du poumon … une augmentation globale du diabète a été signalée, notamment chez les femmes. Les résultats appuient l’évaluation de la dioxine comme cancérogène pour l’homme et corroborent les hypothèses de son association avec d’autres effets sur la santé, y compris les effets cardiovasculaires et endocriniens.
Cette fois-ci je vous emmène en Chine. A Yucheng.
Connaissez-vous l’huile de riz ?
Une huile assez populaire en Asie et tirée du son du riz. À la fin des années 1970, la consommation d’huile de son de riz additionné de PCB a empoisonné des milliers de Taïwanais. On a noté une incidence accrue de diabète. Vous retrouverez toutes les études en ressources.
Interférence des PCB avec le système thyroïdien par intoxication.
La zoologiste Theo Colborn est la première à établir un lien entre les pathologies de la faune dans les eaux polluées des Grands Lacs américains (troubles reproductifs, féminisation des mâles, etc.) et certaines pathologies humaines.
En juillet 1991
À l’initiative des scientifiques dont Theo Colborn et Pete Myers, une réunion historique se tient à Wingspread et réunit plusieurs chercheurs de disciplines différentes.
Ils échangent leurs inquiétudes sur les effets des produits chimiques sur le système endocrinien. De cette rencontre émerge le concept nouveau de « perturbateurs endocriniens». À l’issue de la conférence, ils publient l’appel de Wingspread.
En 2003, Theo Colborn fonde une organisation non gouvernementale, l’Endocrine Disruption Exchange (TEDX), dont elle devient présidente. L’ONG recense les études scientifiques traitant des perturbateurs endocriniens. C’est donc cette conférence de Wingspred qui est un tournant majeur. C’est un premier avertissement international de 21 scientifiques de différentes disciplines sur la gravité de la situation.
On y emploie pour la première fois le terme de « perturbateurs endocriniens » ou endocrine disruptors.
Je cite : « Nous sommes certains de ce qui suit : un grand nombre de produits chimiques fabriqués par l’homme déversés dans l’environnement ainsi que certains produits naturels, ont le potentiel de perturber le système endocrinien animal, y compris celui des êtres humains ».
Plusieurs objectifs à cette rencontre :
Centraliser les découvertes et étudier l’ampleur du problème et proposer un programme de recherches.
1992
Les travaux du professeur Niels Skakkebaek révèlent une diminution de près de moitié du nombre de spermatozoïdes entre 1938 et 1990. Il étudie ensuite d’autres pathologies et constate une augmentation des cancers du testicule et de certaines malformations.
Au milieu des années 1990, le Congrès américain a chargé l’EPA d’évaluer les répercussions hormonales de plus de 70.000 composés. Le programme de dépistage continue d’évoluer encore aujourd’hui.
En 1999, Robert Bilot, avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques est appelé par un agriculteur, ami de sa grand-mère.
Le film, Dark water que je vous recommande de visionner, retrace le combat de cet avocat et de cet agriculteur contre le puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région.
Le troupeau de vache du fermier est décimé. On découvrira que l’eau était polluée par du PFOA (dont nous reparlerons dans un prochain chapitre).
On remonte le temps…
En 1973 dans l’État du Michigan, Rick Halter perd des vaches : abcès, hématomes, moins de production de lait, perte de pelage. Troubles de la reproduction. Les analyses cherchent des DDT et PCB. En vain.
Jusqu’à ce que l’on découvre que c’était le PBB, un produit à base de brome, utilisé comme ignifuge ou retardateur de combustion (utilisé dans les téléviseurs, machines à écrire ou habitacles d’automobiles).
Une diapositive très intéressante.
Production et utilisation de produits chimiques en bleu
Prévalence du diabète en en rouge
Il n’est pas possible d’indiquer un lien de causalité directe entre ces deux courbes mais elles posent question. En 2002, une étude de l’OMS met en évidence les mécanismes d’action des perturbateurs endocriniens et les effets sur la santé des animaux et des humains.
En 2006, l’American Chemical Society a été la première société professionnelle à publier une déclaration de politique sur les PE.
En 2009, l’Endocrine Society composée de 18000 scientifiques du monde entier, a publié une déclaration majeure en 2009, identifiant les PE comme un domaine de préoccupation majeur. L’Endocrine Society prend position et alerte sur la nécessité de réduire l’exposition aux produits chimiques, surtout avant et pendant la grossesse, et en appelle au respect du principe de précaution.
Cette déclaration s’est révélée être un jalon important pour la légitimité du domaine auprès des médecins et d’autres scientifiques.
2012
Un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) et de l’OMS qualifie les perturbateurs endocriniens de « menace mondiale».
Il met en évidence certains liens entre l’exposition aux perturbateurs endocriniens et le développement de cancers et confirme en 2015 la contribution des perturbateurs endocriniens dans de nombreuses maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète, l’infertilité, etc.
Pas de commentaire. Ou plutôt si… Regardez en bas à droite… DDT… Cela vous rappelle quelque chose ?
Plus de 21 PE dans les tissus des femmes françaises en âge de procréer.
C’est ce qu’a trouvé l’étude EXPPert Exposition aux perturbateurs endocriniens.
Entre autres, que peut-on trouver dans le lait maternel ?
Des phtalates, des bisphénols, du DDT dichlorodiphényltrichloroéthane…
Du chlorpyrifos, c’est un produit insecticide pour tuer les cafards.
Le malathion… c’est un insecticide neurotoxique
Le lindane est utilisé contre les poux
On retrouve aussi des fongicides, des retardateurs de flammes, du PCB….
Et puis des polluants qui ne sont pas des PE…
Les benzènes, le toluène…
Les perturbateurs endocriniens commencent à faire parler d’eux…
Afin de mettre en lumière la contamination des populations aux perturbateurs endocriniens, Générations futures a analysé les cheveux de personnalités du monde de l’écologie.
• Autissier Isabelle : navigatrice et Présidente du WWF France
• Batho Delphine : ex-ministre de l’Ecologie et Députée
• Bertrand Yann-Arthus : photographe, réalisateur et Président de GoodPlanet
• Bové José : agriculteur et député européen
• Hulot Nicolas : journaliste et Président de la Fondation Nicolas Hulot
• Jadot Yannick : député européen et ex-directeur des campagnes de Greenpeace France
• Robin Marie-Monique : réalisatrice et écrivaine, auteure entre autres de Notre poison quotidien
Ont été recherchés Bisphénol et phtalates (plastifiants) – PCBs – Pesticides
200 molécules différentes : 32 congénères de PCB, 3 bisphénols (BPA, BPF, BPS) , 13 phtalates et métabolites de phtalates, plus de 150 pesticides et métabolites de pesticides
Voici le nombre de perturbateurs endocriniens retrouvés chez ces personnalités.
Je vous laisse apprécier ces graphiques.
Concentration des différents perturbateurs endocriniens…
Vous pourrez lire ce rapport de l’OMS publié en 2012, très intéressant avec notamment des données sur lesquelles nous allons revenir.
Cette image représente une famille et les multiples expositions…
Et nous reviendrons dans une prochaine vidéo sur les pathologies associées aux perturbateurs endocriniens avec un niveau de preuve suffisant.
On peut distinguer trois grands secteurs où la présence des PE est avérée : l’industrie, l’agriculture et le contexte domestique.
Les secteurs de production des PE ne sont pas forcément ceux de leur utilisation. La production est avant tout au niveau de l’industrie chimique (exemple des pesticides).
L’utilisation de ceux-ci sont le fait de l’agriculture. On ne peut être exhaustif, je ne citerai donc que des exemples :
Les dioxines, les PCB, les alkyphénols…
Les pesticides organochlorés, les insecticides, on peut ainsi citer le DDDT, le chlordécone par exemple;
Les herbicides et fongicides ;
Les plastifiants : les phtalates ;
Les résines et les plastiques : le bisphénol A ;
Les retardateurs de flamme : les biphényls polybromés ;
Les cosmétiques : les parabènes ;
Les contraceptifs : œstrogènes synthétiques…
Donc on constate qu’effectivement la majorité de ces substances sont synthétiques.
Les phytoœstrogènes font exception, nous y reviendrons.
L’assiette, l’alimentation, représente la source principale de contamination, d’exposition aux perturbateurs endocriniens. Nous pouvons donc agir dans cette assiette mais pas seulement. En tant que professionnels de santé nous pouvons guider, conseiller nos patients pour limiter, réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens.
Je vous remercie pour votre attention, nous démarrons après cette introduction qui était nécessaire pour mettre en perspective l’importance du sujet.
Retour sur l’histoire
Connaissez-vous le DDT ?
Le dichlorodiphényltrichloroéthane, un pesticide synthétique…
1946…
Dans les années 1940 et 1950, le dichlorodiphényltrichloroéthane, un pesticide synthétique mieux connu sous le nom de DDT, était utilisé pour tuer les insectes qui propageaient notamment le paludisme et le typhus dans plusieurs parties du monde.
Les tests scientifiques exhaustifs montraient que, lorsqu’il était correctement utilisé, le DDT était très efficace contre les insectes.
On le nommait même …. « bienfaiteur de toute l’humanité ».
Ainsi, il était commercialisé auprès des ménagères. On obtenait des pommes plus grosses, des fruits plus juteux sans vers. Les bœufs étaient plus gros car protégés des parasites.
Pour les vaches laitières jusqu’à 20 % de lait en plus donc plus de beurre, plus de fromage…
Les maisons étaient soi-disant plus saines et plus confortables.
On utilisait le DDT en pulvérisation un peu partout, dans les maisons, dans les rues…
Le produit commercialisé contenait même une résine spéciale de sorte qu’il pouvait se lier à n’importe quelle surface et ainsi continuer à fonctionner « mois après mois ».
Voici une publicité à destination des mères de famille et qui laisse songeur lorsque l’on connaît à présent les effets du DDT sur la santé humaine…
Nous allons parler de perturbateurs endocriniens et donc… des hormones. Je vous propose donc un petit retour historique tout au long de cette vidéo.
On peut considérer que l’histoire des hormones commence en 1900 avec la découverte du rôle des îlots pancréatiques (décrits en 1869 par le biologiste allemand Paul Langerhans).
En 1923 les Dr Allen et Doisy découvrent les œstrogènes.
Le Distilbène…
Connaissez-vous l’histoire du Distilbène ?
Le Distilbène est une hormone de synthèse donc totalement inconnue des organismes humains. Les scientifiques ont fabriqué une hormone facile à synthétiser.
Et d’ailleurs, pour l’anecdote amusante, il a été discuté à l’époque d’utiliser une autre molécule que l’on retrouvera plus tard dans notre formation : le bisphénol A…
Donc le Distilbène est un Œstrogène, issu de nombreuses recherches.
AMM aux USA en 1941.
Indications… Troubles de la ménopause, vaginite, engorgements mammaires et en 1947 : fausses couches.
En 1945 le Distilbène est autorisé en France.
En 1948, elle est utilisée systématiquement dans les « grossesses à risque » de la 6eme à la 35eme semaine de gestation.
On estime que 5 millions de femmes ont été traitées sur une période de 25 ans dans le monde.
En 1975, l’équipe du Pr J. Barrat publie un des premiers cas français d’adénocarcinome du vagin.
Adénocarcinome à cellules claires, jusque-là rarissime.
Mais attention ce ne sont pas les mères traitées au distilbène qui sont touchées mais leurs filles.
C’est un élément important dans ce sujet des perturbateurs endocriniens.
Les effets néfastes du Distilbène s’observait sur les filles des mères traités et les générations suivantes.
Un perturbateur endocrinien vicieux !
On découvre alors les dégâts d’un traitement…
En France, l’indication du Distilbène pour traiter les avortements spontanés et à répétition est supprimée en 1976.
Il aura fallu trente ans pour faire apparaitre les effets délétères d’une hormone de synthèse sur le fœtus et en l’occurrence ici de sexe féminin…
Milieu des années 60 – Baisse de la fertilité des visons
Contamination des poissons aux polychlorobiphényles.
Première alarme en 1962.
Une biologiste américaine Rachel Carson dénonce les effets négatifs des pesticides sur l’environnement et plus particulièrement les oiseaux.
Elle déclare que le DDT (dichlorodiphényldichloroéthane) était la cause de coquilles d’œufs plus fines chez les oiseaux.
De plus, on observait des problèmes de reproduction et une hausse de la mortalité.
Le Thalomid
Cette histoire est intéressante car elle met en avant cet effet transgénérationnel comme le distilbène… Le génome est ainsi possiblement touché.
Années 1950, on est en Suisse. Le laboratoire CIBA commercialise ce Thalomid.
Pas d’effets néfastes sur les rongeurs. Il est distribué dans divers pays comme antigrippal (sans prescription). Anti-nauséeux dit sans danger pour les femmes enceintes etc…
68 marques différentes dans le monde…
En 1960 plusieurs plaintes sont déposées portant sur des névrites périphériques sur les femmes traitées. Puis apparaissent les premiers nouveaux nés atteints de malformations congénitales. Des enfants qui naissent sans bras ou sans jambe.
En 1962, cette molécule est retirée du marché. On compte 15 000 fœtus empoisonnés dont 8 000 survivants. Nous sommes bien avant le Distilbène…
Preuve que l’on peut obtenir sans prescription, un médicament qui agit sur le développement fœtal. Plus tard, dans les années 80 on s’aperçoit que les « survivants » transmettent à leurs propres enfants cette action tératogène.
Vous comprendrez aussi pourquoi, désormais, les prescriptions médicamenteuses chez la femme enceinte sont très prudentes.
Vous souvenez-vous de l’agent orange ?
Pendant la guerre du Vietnam, l’US Air Force a déversé, de 1964 à 197, 80 millions de litres d’herbicides contenant de la dioxine, un puissant défoliant. Il s’agissait d’éliminer la végétation pour mieux voir l’ennemi, touchant ainsi 20 pour cent de la forêt vietnamienne.
De nombreuses études ont permis d’étudier l’impact de cet épandage et ont montré
une relation défavorable entre l’exposition aux dioxines et le diabète (métabolisme du glucose, production d’insuline…). 50 ans plus tard, ce produit continue à intoxiquer la population. Les enfants des parents contaminés présentent des malformations ou de lourds handicaps. Malformation congénitales, cancers, maladies du système nerveux…
Dégâts de cette dioxine…
En 1966 le gouvernement américain crée l’Institut National des Sciences de la Santé Environnementale afin d’étudier comment l’environnement affecte la santé humaine,
Puis en 1970, l’agence de protection environnementale afin d’améliorer la santé humaine et l’environnement.
Les pouvoirs publics s’emparent du sujet et se tient en 1979, la première réunion sur les Estrogènes dans l’Environnement.
En 1985, ils mettent en évidence l’effet des oestrogènes environnementaux sur le développement précoce des seins de jeunes filles à Porto Rico.
Au cours de cette réunion, l’impact de l’exposition aux estrogènes sur notamment la réduction de la qualité du sperme et les cancers des testicules notamment est discuté.
Vous souvenez-vous de Seveso ?
Nous sommes dans une usine chimique sur le territoire de Meda en Italie. Elle se trouve juste à côté de la petite ville de Seveso. Le 10 juillet 1976, dans le hangar B de l’usine, la cuve 101 engendre l’émission soudaine d’un nuage chimique rouge.
Au bout de quatre jours, les laboratoires Hoffmann-Laroche identifient l’agent responsable : le 2,3,7,8-tetrachlorodibenzo-p-dioxine (TCDD).
Le 12 juillet, le travail reprend normalement dans l’usine. Le personnel inquiet se met en grève et l’usine ferme le 18 juillet. Finalement, les laboratoires Hoffmann-Laroche ne communiquent l’émission de TCDD aux autorités que le 19 juillet. Jusqu’au 23 juillet, la population continue à vivre dans un milieu contaminé.
C’est le Centre de recherche médicale de Roche, à Bâle, qui sonne l’alarme et appelle à évacuer la population, à détruire les maisons et à enterrer l’usine. D’abord, l’armée entoure de barbelés 12 hectares de terrain. Puis, le 26 juillet, l’évacuation des premiers habitants commence. 225 personnes quittent alors leur maison.
Les jours suivants, les autorités se rendent compte que la zone touchée est plus vaste. Ils évacuent donc 500 nouvelles personnes. Les experts constatent une augmentation de décès chez les animaux sauvages et domestiques. L’herbe devient jaune. Les feuilles se déchirent.
L’écorce des arbres se décolle du tronc. Les enfants qui habitent dans les environs commencent à ressentir des brûlures au visage et des irritations aux yeux. Certains d’entre eux ont le visage défiguré par de violentes éruptions cutanées, qui seront plus tard diagnostiquées comme les symptômes d’une chloracnée.
Quinze ans après l’accident, on observe une augmentation de la mortalité chez cette population. Cancer du rectum, cancer du poumon … une augmentation globale du diabète a été signalée, notamment chez les femmes. Les résultats appuient l’évaluation de la dioxine comme cancérogène pour l’homme et corroborent les hypothèses de son association avec d’autres effets sur la santé, y compris les effets cardiovasculaires et endocriniens.
Cette fois-ci je vous emmène en Chine. A Yucheng.
Connaissez-vous l’huile de riz ?
Une huile assez populaire en Asie et tirée du son du riz. À la fin des années 1970, la consommation d’huile de son de riz additionné de PCB a empoisonné des milliers de Taïwanais. On a noté une incidence accrue de diabète. Vous retrouverez toutes les études en ressources.
Interférence des PCB avec le système thyroïdien par intoxication.
La zoologiste Theo Colborn est la première à établir un lien entre les pathologies de la faune dans les eaux polluées des Grands Lacs américains (troubles reproductifs, féminisation des mâles, etc.) et certaines pathologies humaines.
En juillet 1991
À l’initiative des scientifiques dont Theo Colborn et Pete Myers, une réunion historique se tient à Wingspread et réunit plusieurs chercheurs de disciplines différentes.
Ils échangent leurs inquiétudes sur les effets des produits chimiques sur le système endocrinien. De cette rencontre émerge le concept nouveau de « perturbateurs endocriniens». À l’issue de la conférence, ils publient l’appel de Wingspread.
En 2003, Theo Colborn fonde une organisation non gouvernementale, l’Endocrine Disruption Exchange (TEDX), dont elle devient présidente. L’ONG recense les études scientifiques traitant des perturbateurs endocriniens. C’est donc cette conférence de Wingspred qui est un tournant majeur. C’est un premier avertissement international de 21 scientifiques de différentes disciplines sur la gravité de la situation.
On y emploie pour la première fois le terme de « perturbateurs endocriniens » ou endocrine disruptors.
Je cite : « Nous sommes certains de ce qui suit : un grand nombre de produits chimiques fabriqués par l’homme déversés dans l’environnement ainsi que certains produits naturels, ont le potentiel de perturber le système endocrinien animal, y compris celui des êtres humains ».
Plusieurs objectifs à cette rencontre :
Centraliser les découvertes et étudier l’ampleur du problème et proposer un programme de recherches.
1992
Les travaux du professeur Niels Skakkebaek révèlent une diminution de près de moitié du nombre de spermatozoïdes entre 1938 et 1990. Il étudie ensuite d’autres pathologies et constate une augmentation des cancers du testicule et de certaines malformations.
Au milieu des années 1990, le Congrès américain a chargé l’EPA d’évaluer les répercussions hormonales de plus de 70.000 composés. Le programme de dépistage continue d’évoluer encore aujourd’hui.
En 1999, Robert Bilot, avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques est appelé par un agriculteur, ami de sa grand-mère.
Le film, Dark water que je vous recommande de visionner, retrace le combat de cet avocat et de cet agriculteur contre le puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région.
Le troupeau de vache du fermier est décimé. On découvrira que l’eau était polluée par du PFOA (dont nous reparlerons dans un prochain chapitre).
On remonte le temps…
En 1973 dans l’État du Michigan, Rick Halter perd des vaches : abcès, hématomes, moins de production de lait, perte de pelage. Troubles de la reproduction. Les analyses cherchent des DDT et PCB. En vain.
Jusqu’à ce que l’on découvre que c’était le PBB, un produit à base de brome, utilisé comme ignifuge ou retardateur de combustion (utilisé dans les téléviseurs, machines à écrire ou habitacles d’automobiles).
Une diapositive très intéressante.
Production et utilisation de produits chimiques en bleu
Prévalence du diabète en en rouge
Il n’est pas possible d’indiquer un lien de causalité directe entre ces deux courbes mais elles posent question. En 2002, une étude de l’OMS met en évidence les mécanismes d’action des perturbateurs endocriniens et les effets sur la santé des animaux et des humains.
En 2006, l’American Chemical Society a été la première société professionnelle à publier une déclaration de politique sur les PE.
En 2009, l’Endocrine Society composée de 18000 scientifiques du monde entier, a publié une déclaration majeure en 2009, identifiant les PE comme un domaine de préoccupation majeur. L’Endocrine Society prend position et alerte sur la nécessité de réduire l’exposition aux produits chimiques, surtout avant et pendant la grossesse, et en appelle au respect du principe de précaution.
Cette déclaration s’est révélée être un jalon important pour la légitimité du domaine auprès des médecins et d’autres scientifiques.
2012
Un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) et de l’OMS qualifie les perturbateurs endocriniens de « menace mondiale».
Il met en évidence certains liens entre l’exposition aux perturbateurs endocriniens et le développement de cancers et confirme en 2015 la contribution des perturbateurs endocriniens dans de nombreuses maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète, l’infertilité, etc.
Pas de commentaire. Ou plutôt si… Regardez en bas à droite… DDT… Cela vous rappelle quelque chose ?
Plus de 21 PE dans les tissus des femmes françaises en âge de procréer.
C’est ce qu’a trouvé l’étude EXPPert Exposition aux perturbateurs endocriniens.
Entre autres, que peut-on trouver dans le lait maternel ?
Des phtalates, des bisphénols, du DDT dichlorodiphényltrichloroéthane…
Du chlorpyrifos, c’est un produit insecticide pour tuer les cafards.
Le malathion… c’est un insecticide neurotoxique
Le lindane est utilisé contre les poux
On retrouve aussi des fongicides, des retardateurs de flammes, du PCB….
Et puis des polluants qui ne sont pas des PE…
Les benzènes, le toluène…
Les perturbateurs endocriniens commencent à faire parler d’eux…
Afin de mettre en lumière la contamination des populations aux perturbateurs endocriniens, Générations futures a analysé les cheveux de personnalités du monde de l’écologie.
• Autissier Isabelle : navigatrice et Présidente du WWF France
• Batho Delphine : ex-ministre de l’Ecologie et Députée
• Bertrand Yann-Arthus : photographe, réalisateur et Président de GoodPlanet
• Bové José : agriculteur et député européen
• Hulot Nicolas : journaliste et Président de la Fondation Nicolas Hulot
• Jadot Yannick : député européen et ex-directeur des campagnes de Greenpeace France
• Robin Marie-Monique : réalisatrice et écrivaine, auteure entre autres de Notre poison quotidien
Ont été recherchés Bisphénol et phtalates (plastifiants) – PCBs – Pesticides
200 molécules différentes : 32 congénères de PCB, 3 bisphénols (BPA, BPF, BPS) , 13 phtalates et métabolites de phtalates, plus de 150 pesticides et métabolites de pesticides
Voici le nombre de perturbateurs endocriniens retrouvés chez ces personnalités.
Je vous laisse apprécier ces graphiques.
Concentration des différents perturbateurs endocriniens…
Vous pourrez lire ce rapport de l’OMS publié en 2012, très intéressant avec notamment des données sur lesquelles nous allons revenir.
Cette image représente une famille et les multiples expositions…
Et nous reviendrons dans une prochaine vidéo sur les pathologies associées aux perturbateurs endocriniens avec un niveau de preuve suffisant.
On peut distinguer trois grands secteurs où la présence des PE est avérée : l’industrie, l’agriculture et le contexte domestique.
Les secteurs de production des PE ne sont pas forcément ceux de leur utilisation. La production est avant tout au niveau de l’industrie chimique (exemple des pesticides).
L’utilisation de ceux-ci sont le fait de l’agriculture. On ne peut être exhaustif, je ne citerai donc que des exemples :
Les dioxines, les PCB, les alkyphénols…
Les pesticides organochlorés, les insecticides, on peut ainsi citer le DDDT, le chlordécone par exemple;
Les herbicides et fongicides ;
Les plastifiants : les phtalates ;
Les résines et les plastiques : le bisphénol A ;
Les retardateurs de flamme : les biphényls polybromés ;
Les cosmétiques : les parabènes ;
Les contraceptifs : œstrogènes synthétiques…
Donc on constate qu’effectivement la majorité de ces substances sont synthétiques.
Les phytoœstrogènes font exception, nous y reviendrons.
L’assiette, l’alimentation, représente la source principale de contamination, d’exposition aux perturbateurs endocriniens. Nous pouvons donc agir dans cette assiette mais pas seulement. En tant que professionnels de santé nous pouvons guider, conseiller nos patients pour limiter, réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens.
Je vous remercie pour votre attention, nous démarrons après cette introduction qui était nécessaire pour mettre en perspective l’importance du sujet.